Février 1897



N° 1


Séance du 15 Février 1897




Les Amiraux et Commandants Supérieurs réunis à bord du cuirassé italien « Sicilia » sous la présidence de Monsieur le Vice-Amiral Canevaro, ont décidé qu'après avoir obtenu l'agrément des autorités ottomanes, des détachements de marins seraient débarqués à La Canée et que la ville serait placée sous la protection des grandes Puissances.

Les pavillons italien, français, russe, anglais et autrichien seront hissés sur les remparts. Cette décision sera communiquée au Commandant de l’Escadre grecque, l'invitant à suspendre toute opération militaire contre l'île.

Les autorités turques seront invitées à faire connaître cette décision aux chefs des insurgés.

Si des troupes grecques ont déjà débarqué, elles devront s’arrêter immédiatement.

Les marins mis à terre et les escadres défendront la ville en cas d’attaque.

Le détachement débarqué comprendra 100 hommes de chaque nationalité, commandés par un officier du grade de Lieutenant de Vaisseau. Le commandement Supérieur sera exercé par un Capitaine de Vaisseau italien.

Un second détachement de 100 hommes avec deux canons par Puissance sera tenu prêt à aller renforcer le premier. Il sera commandé par un Capitaine de Frégate français qui se rangera sous les ordres du Capitaine de Vaisseau italien.

A bord du « Sicilia », en rade de La Canée, 15 Février 1897

Signatures des Amiraux

Sicilia

Le Sicilia

N° 2


Séance du 16 Février 1897




Les Amiraux et Commandants Supérieurs, réunis aujourd’hui 16 Février à bord du cuirassé italien « Sicilia », ont décidé d’exercer aussi sur Candie, Rethimno, et Sitia la protection qu’hier ils ont décrétée pour La Canée ; mais, pour le moment, sans occuper, comme on a pratiqué pour cette ville, ces autres localités par des troupes.

Dans ce but, ils ont établi d'envoyer dans les localités susdites des navires de différentes nationalités, et pour affirmer la parfaite entente des nations qu’ils représentent, le Commandement Supérieur sera réparti de façon qu’il soit exercé dans les différents endroits par des officiers appartenant à des nationalités diverses.

Ainsi : à Rethimno, le Commandement Supérieur sera exercé par le Commandant du navire russe.
À Candie par le Commandant du navire anglais ;
à Sitia par le Commandant du navire français.

Quoique, en ligne générale, on ait établi de ne pas débarquer des troupes, cependant il restera au jugement des Commandants Supérieurs de décider si, en certains événements, il soit convenable de débarquer provisoirement des forces, pour mieux exercer la protection qui leur est confiée.

Les Commandants Supérieurs feront connaître aux autorités turques et grecques cette décision des Amiraux, représentant les Puissances européennes, les assurant que cette protection qu'on exerce n’a d’autre but que celui de tranquilliser le pays en attendant qu’une solution convenable soit donnée à la question crétoise.

En même temps, les Commandants susdits inviteront les autorités grecques et les chefs des insurgés à s’abstenir de tout acte d’agression, les défiant qu’en vue des forces internationales, ces actes seront immédiatement réprimés au premier mouvement hostile exécuté par eux contre les villes occupées ou protégées, les navires présents ouvriront le feu.

En cas de mauvais temps qui oblige les navires à quitter leur mouillage, le point de réunion sera Souda, ayant soin de rembarquer avant de partir, si possible, les détachements s’il y en a à terre.

À bord du « Sicilia », rade de la Canée, le 16 Février 1897

Signatures des Amiraux


N° 3


Séance du 18 Février 1897



Les Amiraux et Commandants Supérieurs réunis à bord du « Sicilia » le 6/18 Février 1897 ont décidé d’adresser au Commodore grec, la note suivante :

La déclaration que les Commandants Supérieurs des marines étrangères ont envoyée à Monsieur le Commandant en chef de la division hellénique le 1/13 Février est restée sans effet : de nouveaux actes d’hostilité viennent d’être commis par les forces grecques.

Ces actes consistent en ce que :

Les troupes débarquées au lieu de s’arrêter, ont continué leur mouvement vers La Canée.

Des bâtiments grecs ont tenté de débarquer des approvisionnements dans la baie de La Canée.

En conséquence, Messieurs les Commandants Supérieurs informent le Commandant en chef des forces navales grecques, pour qu’il le fasse savoir aux Commandants des troupes, qu’ils ont résolu de s’opposer par tous les moyens, même par la force, à ce que les droits des gens soient violés de nouveau.

Ils s'opposeront en particulier :
1° Au bombardement des villes.
2° Au débarquement de troupes, d’armes ou de munitions, par des navires de guerre grecs.
3° Au débarquement de troupes régulières grecques par des navires de commerce.
4° À l’attaque de bâtiments turcs de guerre ou de commerce, par des bâtiments grecs.
5° À tout nouveau mouvement de troupes.

Ils lui font savoir en outre que les bâtiments détachés sur les différents points de l’île ont reçu des instructions dans ce sens. Les Commandants Supérieurs prient Monsieur le Commandant en chef des forces helléniques de vouloir bien leur accuser réception de la présente note.

À bord du « Sicilia », en rade de La Canée, le 6/18 Février 1897

Signatures des Amiraux



N° 3 Bis


Séance du 18 Février 1897




Les Amiraux et Commandants Supérieurs réunis à bord du « Sicilia », ayant reçu par l’intermédiaire du Commodore grec une proclamation du Commandant des troupes grecques au peuple crétois, lui font savoir qu’ils ne sont pas autorisés à la prendre en considération.

À bord du « Sicilia », le 6/18 Février 1897

Signatures des Amiraux

amiraux-sicilia
À bord du "Sicilia". De gauche à droite : Commandant Koellner (Allemagne), Contre-Amiral Pottier (France), Commandant Jacquet (France-Secrétaire des séances), Vice-Amiral Canevaro (Italie), le Chef d'État-Major français, Contre-Amiral Harris (Grande-Bretagne), Contre-Amiral Andreef (Russie)

N° 4


Séance du 20 Février 1897



Les Amiraux et Commandants Supérieurs réunis à bord du « Dryad » le 20 Février 1897 ont décidé que, vu les circonstances actuelles :

1° Un transport de troupes ottoman sera convoyé par un des navires de guerre de Candie à La Canée.

2° Il a été décidé par eux de faire mouiller trois navires de différentes nations à proximité des positions grecques, avec ordre d’ouvrir le feu sur elles au moment où les forces grecques feront un mouvement en avant.

Le 8/20 Février 1897 à bord du « Dryad »

Signatures des Amiraux

Dryad

Le Dryad

N° 5


Séance du 21 Février 1897



Les Amiraux et Commandants Supérieurs (y compris le Commandant allemand, arrivé ce matin) réunis aujourd’hui 9/21 Février à bord du « Sicilia » ont décidé d’un accord parfait, de demander à leurs Gouvernements d’obtenir sans tarder, de la Grèce qu’elle retire ses troupes et ses navires. Ils estiment que c’est le seul moyen d’arrêter l’anarchie qui augmente à chaque instant, encouragée par la présence des Grecs.

Quant au navire marchand hellénique, reconduit sur la rade la nuit dernière par un destroyer anglais, parce qu’il était en train de débarquer des munitions et objets de campement, on a décidé de l’envoyer dans le port de La Canée, si c'est possible, ou à Suda, et de lui démonter des pièces de machine, pour le mettre dans l’impossibilité de s’en aller.

L’Amiral Canevaro, ayant communiqué la dernière lettre du Commodore hellénique, datée 9/21 courant, avec laquelle, au nom de son gouvernement il répond aux dernières décisions des Amiraux qu'on lui avait communiquées, on a de suite répondu en ces termes :

Les Amiraux et Commandants Supérieurs (y compris le Commandant allemand arrivé ce matin) réunis sur le « Sicilia » ayant reçu la communication du Commodore hellénique (de Reineck) au nom de son Gouvernement, communication datée 9/21 Février du bord de « l’Hydra », lui font savoir qu’ils n’ont rien à changer à leurs décisions et qu’ils sont bien décidés à les faire respecter. 

À bord du « Sicilia », à La Canée, le 9/21 Février 1897

Signatures des Amiraux


N° 6


Séance du 22 Février 1897




Les Amiraux et Commandants Supérieurs réunis le 22 Février 1897 à bord du « Sicilia » confirment d’un accord parfait, la détermination qu’ils ont prise hier, de faire tirer quelques obus sur les positions grecques dans l’Est de La Canée.

Ces positions, en effet, pendant toute la journée du 21, et en dépit des déclarations plusieurs fois renouvelées par les Amiraux et Commandants Supérieurs, n’ont pas cessé un instant de tirer sur les troupes ottomanes.

Le Vice-Amiral Canevaro, voyant que vers 4 heures du soir le feu augmentait d’intensité, envoya son Chef d’État-Major prendre l’avis des autres Commandants. Ceux-ci à l’unanimité déclarèrent qu’il était urgent d’ouvrir le feu pour faire cesser ces engagements. À un signal du « Sicilia », les bâtiments dont le champ de tir était libre, Autrichien, Allemand, Russe et Anglais commencèrent le feu. 34 coups de canon ont été tirés. Le feu cessa au signal du « Sicilia » dès que la position eût amené son pavillon, lequel pavillon, d’ailleurs a été re-hissé dans la soirée.

Bombardement su 21 Février 1897 Barfleur Revenge Amiral Charner Maria Theresia

Bombardement du 212 Février 1897. De gauche à droite les navires Barfleur, Revenge, Amiral Charner, Maria Theresia


Aujourd’hui les Amiraux et Commandants Supérieurs ont décidé d’envoyer en parlementaire un officier et deux médecins pour constater le nombre des blessés ou des morts occasionnés par le tir des bâtiments.

Mais le Commodore grec a fait savoir que les troupes de l’Est de La Canée étaient irrégulières, qu’il n’avait aucune entente et aucune autorité sur elles et qu’il ne répondait pas des médecins qui seraient allés donner leurs soins aux blessés. Il a donc fallu renoncer à ce projet ; et le Commodore grec a déclaré avoir reçu une note lui signalant 15 tués ou blessés, mais ce chiffre est le résultat total des engagements de la journée du 21.

Il a demandé aussi aux Amiraux et Commandants Supérieurs de laisser reprendre le large au bâtiment capturé l’autre jour, bâtiment chargé d’approvisionnements de toutes sortes et de médicaments, sous prétexte que ce navire avait quitté la Grèce avant les déclarations des Amiraux et que, de ce fait, il se croyait autorisé à débarquer tout son matériel. Cette demande a été refusée à l’unanimité ; mais il a été décidé que « l’Eurydice » prendrait à son bord l’officier du génie grec actuellement sur « l’Hydra », pour que ce dernier puisse porter aux troupes les médicaments qui leur étaient destinés et ramènerait cet officier à « l’Hydra » aussitôt cette mission terminée.

Les Amiraux et Commandants Supérieurs ont enfin décidé qu’un poste de marins débarqués stationnerait sur le quai du port et serait chargé d’empêcher les embarcations grecques d’y demeurer accostées. Ces embarcations ne devront circuler dans le port pour le service, qu’en arborant le pavillon blanc, de façon à éviter ainsi les désordres que pourrait occasionner leur présence.

À bord du « Sicilia », La Canée le 10/22 Février 1897

Signatures des Amiraux


N° 7


Séance du 23 Février 1897 des Amiraux et Commandants Supérieurs



1° Il est décidé que le transport ottoman qui doit conduire des troupes de Candie à La Canée, et dont le départ avait été provisoirement ajourné, partira de Candie le matin du 24 Février, escorté par deux bâtiments de guerre, un Anglais et un Italien.

2° L’Amiral Canevaro fait savoir qu’il a été informé le 22, que des Musulmans de Sitia, réfugiés à Spinalonga, sont empêchés de recevoir des vivres par la croisière du navire « Knos », armé par des insurgés ; et demandent à être débarrassés de lui.
L’Amiral ajoute que le Commandant Supérieur à Sitia étant un Capitaine de Vaisseau Français, il s’est entendu avec l’Amiral Français, pour que ce dernier prescrive au Commandant du « Chanzy » d’envoyer un de ses navires accomplir cette mission, si c’est possible. D’un commun accord cette décision est approuvée.

Chanzy

Le Chanzy


3° Le cuirassé russe « Nicolas I » rentrant de Selino avec les Consuls Anglais, Russe et Italien, ces derniers informent les Amiraux que :

(a) 1700 Musulmans Candiotes et 246 soldats turcs sont bloqués par les Chrétiens aux environs de Selino.

(b) Les Consuls ont obtenu une suspension d’hostilité de 7 jours pendant lesquels les Chrétiens se sont engagés à laisser les Turcs gagner la côte avec armes et bagages, mais à la condition qu'ils s’y rendent tous, soldats compris.

Les Consuls font remarquer qu’au bout de 7 jours, les Musulmans n’auront plus de vivres, qu'il y a urgence à profiter de l’armistice pour les ramener à la côte, mais pour mieux assurer leur marche, sans effusion de sang, il serait prudent de les faire escorter par des marins de la flotte internationale ; ils demandent en outre que des navires de guerre viennent mouiller devant Selino pour exercer sur les insurgés une influence morale. Le Consul de Russie, en partageant l’avis de ses collègues, propose en outre de faire appel aux sentiments d'humanité du Commandant en Chef de l’armée grecque, sentiments que lui-même a invoqués de la part des grandes Puissances, ou de faire appel au Gouvernement Hellénique lui-même.

On décide à l’unanimité qu’il ne pourra être débarqué de marins, pour le moment, que dans les quatre villes précédemment désignées, à La Sude et environs, mais on se propose d’envoyer à Selino un ou plusieurs navires, aussitôt que ce sera possible, comme on l’a fait pour Hierapetra.

4° Le Commodore grec, ayant fait demander à l’Amiral Canevaro s'il pouvait échanger des correspondances avec le Quartier Général des troupes Grecques, aux environs de Platanias, le Vice-Amiral pose la question aux Amiraux. Il est décidé qu'on s'opposera à toute communication des navires grecs avec la terre, autres que celles qui seront envoyées par le port de La Canée, où le Commandant militaire est chargé d’exercer une surveillance spéciale sur les embarcations grecques.

5° L’Amiral Canevaro communique une lettre du Gouverneur de la Crète, exprimant la crainte que les matières explosibles embarquées sur le navire grec « Laurium » ne deviennent la cause d’un désastre. Ce bâtiment est en effet retenu dans le port de La Canée et contiendrait de la dynamite dans son chargement.

Il est décidé que l’officier grec du génie qui se trouvait sur le navire quand il a été saisi par un bâtiment anglais, accompagnera, dans l’après-midi, un officier de cette nation et un des officiers étrangers du corps de débarquement, pour faire enlever toutes les matières dangereuses, qui seront jetées à la mer par les soins de l’officier anglais.

6° D’un accord parfait, on a ensuite décidé de prendre sous la protection des pavillons de la flotte internationale, aussitôt qu’on aura le consentement des autorités Turques, la baie de Suda et la vallée qui l’en sépare de La Canée, afin de s’assurer les communications entre les navires qui seront à Suda et cette ville.

Communication de cette décision sera aussitôt donnée au Commodore Grec avec prière d’en informer les troupes et les chefs des insurgés, auxquels on tâchera aussi de faire parvenir cette décision par des parlementaires envoyés de La Canée.

7° Sur la proposition de l’Amiral Canevaro, les Amiraux décident qu’il importe de faire savoir à toute la population de la Crète le but réel que poursuivent les représentants des Puissances. Comme il serait impossible de faire parvenir dans toute l’île l’expression de ces desiderata, on convient qu'une escadrille, composée de cinq navires de nationalités différentes (le croiseur allemand étant seul et ne pouvant quitter La Canée) fera le tour de l’île, s’arrêtant devant tous les villages, Musulmans ou Chrétiens, et que le Commandant Supérieur, au nom des Amiraux et du Commandant allemand, fera connaître aux populations le véritable but de notre présence, fera ses efforts pour tranquilliser les deux parties et distribuera la proclamation suivante.

En rade de La Canée, le 23/11 Février 1897

Le Commandant Allemand
Le Contre-Amiral Anglais
Le Contre-Amiral Russe
Le Contre-Amiral Français
Le Contre-Amiral Autrichien
Le Vice-Amiral Italien

Signatures des Amiraux 2

Proclamation des Amiraux aux habitants de l'île de Crète



Les Amiraux et Commandants Supérieurs des forces navales stationnées sur les côtes de Crète (représentants les Puissances Européennes, Allemagne, Angleterre, Autriche, France, Italie, Russie) font savoir aux habitants de la Crète que leur présence autour de l’île n’a d’autre but que de tranquilliser le pays et d’y ramener le calme, en attendant qu’une solution convenable soit donnée à la question crétoise, par une entente des Puissances qu’ils représentent.

L’escadre internationale a pris sous sa protection directe les villes de La Canée, de la baie de Suda, et de la vallée de communication entre ces deux endroits, de Rethimno, Candie, et Sitia devant lesquelles stationnent des navires.

Mais les Amiraux entendent s’opposer aussi à tout acte d’hostilité commis en présence d’un de leurs bâtiments sur quelque point de l’île qu’il se produise.

Il est désirable, dans l'intérêt de l’humanité, que leur appel soit entendu, et ils recommandent vivement aux habitants de la Crète de rentrer dans le calme, en les assurant que la solution sera d’autant plus satisfaisante pour tous et plus rapide, qu’ils ont mieux suivi ses conseils désintéressés.

La Canée, le 24 Février 1897

Les Commandants des Forces navales Internationales

Le Commandant du Croiseur Allemand
Le Contre-Amiral commandant la division navale Russe
Le Contre-Amiral commandant la division navale Anglaise
Le Contre-Amiral commandant la division navale d’Autriche
Le Contre-Amiral commandant la division navale Française
Le Vice-Amiral commandant l’escadre Italienne



N° 8


Séance du 24 Février 1897



Projets que l'Amiral Canevaro soumet à ses collègues et Commandants Supérieurs

L'Amiral propose pour éviter les mouvements continuels des canots, que le Commandant Supérieur de chaque nation mette à bord du « Sicilia » deux timoniers parlant anglais, français ou italien, qui transmettraient aux Commandants Supérieurs de leurs nations les communications du Vice-Amiral, ou réciproquement au moyen de leurs propres signaux.

Avis conforme Signé par les Amiraux

Il semble que la protection de Rethymno, Candie et Sitia est suffisamment assurée avec deux navires sur chaque point et qu'on pourrait reprendre les autres pour disposer d'un plus grand nombre, l'Amiral propose de laisser à Rethymno un Russe Commandant Supérieur et un Anglais ; à Candie : un anglais Commandant Supérieur et un Autrichien ; à Sitia un français Commandant Supérieur et un Italien.

Avis conforme Signé par les Amiraux

Suivant ce qui a été convenu précédemment, l’Amiral Canevaro propose que le navire autrichien « Stephanie » soit envoyé à Selino Castelli où il sera Commandant Supérieur dès qu'on pourra lui adjoindre un ou deux navires.

Avis conforme Signé par les Amiraux


Archiduchesse Sthephanie

L'Archiduchesse Stephanie

L'Amiral propose qu'un navire italien retourne à Hierapetra d'où il pourrait correspondre avec lui par l'intermédiaire du commandement français à Sitia

Avis conforme Signé par les Amiraux

L'Amiral propose que les navires amiraux se rendent à La Sude le 25 pour prendre les mouillages qui ont été marqués par des bouées et demande à l'Amiral anglais Sir Harris de donner des ordres pour que dès demain, si possible, fonctionne le télégraphe de La Sude à La Canée.

Avis conforme signé : Pottier, Andreeff, Hinke
Je n'ai pas reçu jusqu’à présent une réponse ou permission de quitter La Canée. Je vous rapporterai demain. Signé Koellner.

L'Amiral propose qu'après le départ des Amiraux pour La Sude, la surveillance soit exercée devant La Canée par trois navires et deux torpilleurs. Leur mission consisterait à faire respecter nos décisions, à maintenir la croisière dans le golfe et à empêcher le mouvement des troupes grecques. Ces cinq bâtiments seraient remplacés tous les trois jours par d'autres venant de La Sude et on s'entendrait pour que tous, saufs les Amiraux, y passent à leur tour et soient de nationalités différentes.

Avis conforme signé Harris, Andreeff, Hinke , Koellner

L'Amiral français pense qu'à cause du ravitaillement des détachements à terre, il serait bon de laisser un navire de chaque nationalité à La Canée.
En attendant qu'il se soit entendu avec l'Amiral Canevaro à ce sujet, le « Troude » restera à Theodoro et le « Forbin » devant La Canée
Signé Pottier

L’Amiral propose que la première croisière devant La Canée, qui commence demain, soit faite par un navire anglais, un français, un Italien et deux torpilleurs autrichiens et un anglais, et laisse chaque Commandant-en-chef de destiner le navire. La croisière serait commandée par l'officier le plus ancien de grade.

Avis conforme signé Harris, Hinke, Andreeff, Koellner

L'Amiral propose que chaque Commandant Supérieur donne une fois pour toutes à ses navires l'ordre ferme d'empêcher à tout navire grec de guerre ou de commerce de débarquer dans l'île quoi que ce soit et n'importe où.

Avis conforme signé Harris, Andreas, Pottier, Hinke, Koellner

L'Amiral propose enfin que la division qui doit faire le tour de l'île en relâchant devant tous les points habités de la côte pour engager les habitants à rentrer dans le calme et distribuer la proclamation des Amiraux au peuple crétois, soit composée le 26 à La Sude et qu'elle parte le soir même, si c'est possible.
Il y a déjà des proclamations traduites en grec ; on essaiera d'en faire une traduction turque, si c'est possible, puis on fera imprimer les deux, si l'on peut, pour être distribuées sur la côte

Avis conforme signé Harris, Andreeff, Pottier, Hinke, Koellner


N° 9


Séance du 25 Février 1897



1° L'Amiral Canevaro annonce aux Amiraux et Commandants que le Commodore grec, se basant sur ce qu'on le laisse librement mouiller à La Canée en dehors des flottes des Puissances, a demandé à pouvoir aussi se réfugier avec ses navires à La Sude en cas de mauvais temps. On décide que l'entrée de La Sude étant défendue par des batteries turques, il n'y a aucune ressemblance à établir entre les mouillages de La Sude et de La Canée, car les navires grecs ne pourraient se mettre à l'abri à La Sude qu'en passant sous les canons des forts ; par suite l’escadre grecque ne devra entrer à La Sude qu'en cas de force majeure, et avec le pavillon de parlementaire en tête de mât. Après le coucher du soleil et avant son lever, l'entrée de la baie est formellement interdite à la division grecque.

2° L'Amiral Canevaro donne communication de la demande du Gouverneur, de faire convoyer à Selino un bateau à vapeur turc chargé de vivres pour les soldats bloqués à l'intérieur de Selino.
On y consent à l'unanimité, les Amiraux ayant presque tous reçu des dépêches en ce sens. On décide que l'escorte sera faite par un navire de guerre italien et que le convoi partira de La Canée, le soir même à 10 heures.

3° Les Amiraux, en général, approuvent tout ce qui leur a été proposé le 24 Février par le Vice-Amiral Canevaro dans la circulaire N° 8 ; pourtant, le Commandant allemand n'ayant pas reçu l'autorisation de son Gouvernement de quitter La Canée, autorisation qu'il a demandée, le départ pour La Sude des Amiraux et Commandants Supérieurs est remis au 26 Février.

4° L'Amiral français annonce qu'il aura toujours un navire devant La Canée à cause des intérêts particuliers de ses nationaux, en dehors de la protection due à la garnison internationale ; il ajoute que ce navire ne pourra quitter La Canée que sur son ordre ou quand son Commandant le jugera utile pour sa sécurité ; ce seront les trois navires de service (dont peut-être un autre Français) qui auront à suivre les instructions du Commandant Supérieur, mais le Commandant de ce navire supplémentaire prêtera son concours au Commandant Supérieur, sauf qu'il n'appareillera pas.

5° Le service des navires restants à La Canée commencera au départ des Amiraux pour La Sude et ces bâtiments, au nombre de trois et deux torpilleurs, seront relevés tous les quatre jours. Le premier tour de service sera assuré par : « Rodney » (Commandant Supérieur anglais), « Re-Umberto » (italien), « Troude » (français), un torpilleur anglais, un torpilleur autrichien.

Troude

Le Troude


Les instructions seront données aux Commandants de tous les navires, d'obéir aux prescriptions du Commandant Supérieur. Ce dernier, avec les cinq bâtiments dont il dispose devra :

1° Assurer la défense de La Canée où flottent nos pavillons.
2° Empêcher toute attaque de la part des Grecs et aussi tout mouvement des troupes grecques qui paraîtrait préparer une agression.
3° Empêcher toute communication des Grecs avec la terre dans le golfe de La Canée, sauf celles qui se feront par le port, sous la surveillance du commandement militaire des troupes débarquées et seulement par embarcation portant le pavillon de parlementaire.
4° Continuer avec un des gros navires et un torpilleur, la croisière devant le golfe, pour empêcher les communications susdites et le débarquement de troupes, de munitions ou de matériel.
5° Si le Commandant Supérieur était appelé à donner l'ordre de faire feu, tous les navires des six Puissances qui se trouveraient devant La Canée, y compris celui en croisière, qu'on rappellerait, si possible, devraient exécuter cet ordre en changeant, au besoin, de mouillage pour pouvoir prendre part à l’action.
6° Tous les navires recevront une copie du présent procès-verbal pour assurer la parfaite concordance des instructions qui précèdent et de celles qui suivent.


Instructions communes à tous les navires :

En dehors des services spéciaux que les bâtiments doivent remplir dans les cas déjà prévus, soit lorsqu'ils sont en croisière, soit lorsqu'ils sont mouillés devant les villes occupées ou protégées de : La Canée, La Sude, Rethymno, Candie, Sitia, Hierapetra, Selino Castelli, ils doivent en outre en quelque autre point de l’île qu’ils soient mouillés, et aussi à la mer, s'efforcer de faire respecter la décision prise en commun par les Amiraux et Commandants Supérieurs dans la séance du 18 Février et s'opposer par conséquent :

1° Au bombardement des villes.
2° Au débarquement de troupes, d'armes ou de munitions par des navires de guerre grecs.
3° Au débarquement de troupes régulières grecques par des navires de commerce.
4° À l'attaque de bâtiments turcs de guerre ou de commerce par des bâtiments grecs.
5° À tout nouveau mouvement de troupes
6° S'opposer aussi à toute communication des Grecs avec l’île.

À bord du « Sicilia », La Canée, le 25 Février 1897

Le Commandant allemand signé : Koellner
Le Contre-Amiral russe signé : Andreeff
Le Contre-Amiral anglais signé : Harris
Le Contre-Amiral français signé : Pottier
Le Contre-Amiral autrichien signé : Hinke
Le Vice-Amiral italien signé : Canevaro

Pour copie conforme : le Capitaine de Vaisseau, Chef d'état-major de l’escadre italienne
Alberico Carnevali


N° 10


Séance du 26 Février 1897



1° L'Amiral Canevaro expose à ses collègues qu'il y a intérêt à ce que tous les Commandants Supérieurs soient au mouillage sur le même point, afin de pouvoir prendre en commun toutes les décisions et pose la question suivante : Pouvons nous tous prendre aujourd'hui le mouillage de La Sude ?

À cette question la réponse est unanime et affirmative ; tous les Commandants Supérieurs iront mouiller à La Sude dans l’après-midi.
D'ailleurs, ajoute l'Amiral Canevaro, le Commandant Supérieur laissé en rade de La Canée, va recevoir comme tous les Commandants des navires la copie du procès-verbal de notre séance du 25 Février et nos décisions seront fidèlement et ponctuellement exécutées.

L'Amiral français demande que si le Commandant Supérieur à La Canée estime qu'on doit ouvrir le feu, il consulte les autres Commandants présents ; mais une fois la décision prise de tirer, tous les navires présents devront faire tous leurs efforts pour prendre part à l’action. Si l'un d'eux était matériellement empêché de tirer, il devrait le faire constater dans le PV de la réunion.

2° À titre de renseignements, l'Amiral Canevaro fait savoir à ses collègues qu'on s'est étonné en Europe, de la non-participation, pendant la soirée du 21, des navires italiens et français au tir qui a été exécuté sur les positions des insurgés d’Akrotiri, et leur donne communication de la dépêche qu'il a cru devoir expédier à son Gouvernement à ce sujet :

De La Canée 25/2 au Ministre de la Marine à Rome.

Le fait que le 21 courant, les navires italiens et français n'ont pas participé au feu ouvert sur les positions grecques a occasionné des commentaires dans la presse européenne et les Gouvernements ont demandé des explications aux Amiraux. Je dois faire remarquer que ce jour-là, voyant les attaques continuelles des insurgés d'Akrotiri, contre un poste turc faisant partie des lignes de défense de La Canée, j'ai fait demander par mon chef d'état-major aux Commandants Supérieurs s'ils croyaient le moment venu de tirer sur les positions des insurgés, pour donner un commencement d'exécution à nos menaces non entendues.
Il m'a été répondu affirmativement par tous et à 4h43 j’ai fait ouvrir le feu par un signal du code international. J'ai fait cesser le feu de même à 4h57, quand le pavillon grec a été amené.
J'ajoute que les navires italiens et français n'ont pas pu prendre part à l'action parce que d'autres bâtiments de la flotte internationale étaient placés entre eux et le but, mais, moralement, on peut les considérer comme ayant tiré.

Les Amiraux approuvent l'envoi de ce télégramme.

3° Avant le départ des navires Amiraux pour La Sude, et à la suite d'une entente verbale, la garnison internationale de La Canée a été augmentée de 120 hommes : 30 Anglais, 30 Français, 30 Italiens, 30 Russes.
Cette entente verbale est confirmée ici par écrit.

4° Le Commodore grec (De Reineck) ayant écrit au Vice-Amiral italien qu'il a à son bord, cinq enfants musulmans recueillis à Platanias après un combat entre Musulmans et Chrétiens, et qu'il a l'intention de les remettre à La Canée où leurs parents seraient réfugiés, le Vice-Amiral lui a répondu : « S'ils sont en bon état, rendez-les, mais s'ils sont blessés, envoyez-les à mon bord et je me charge de les faire envoyer à terre la nuit pour éviter une surexcitation qui ne pourrait manquer de se produire ».
Cette réponse est approuvée à l’unanimité.

5° Le Commodore grec est introduit en présence des Amiraux, sur sa demande.
Il expose qu'en ce qui concerne les grandes Puissances sa conduite est toute pacifique ; il renouvelle la promesse qu'il a faite de se conformer à toutes les prescriptions des Amiraux et il ajoute que, lorsque le « Laurium » a été saisi, il ne portait ni armes, ni troupes, ni munitions et que, jusqu'alors, on ne lui avait pas signifié d'opposition au débarquement de vivres et d'objets de campement.
Ses instructions, dit-il, lui recommandent de protéger les Chrétiens de l’île et de rester en bons rapports avec les Amiraux ; il n'y faillira pas.

Déjà, il a pu conseiller un chef chrétien d'Akrotiri de ne pas attaquer les avant-postes des turcs établis autour de La Canée, et il lui a été promis qu'on resterait calme tant que les Turcs ne provoqueraient pas ; il a transmis au même chef la proclamation du 23 des Amiraux et on lui a promis de rester calme, mais il ne peut rien faire de plus, ni garantir l'exécution de cette promesse.
D'ailleurs, ajoute-t-il, il y a dans la presqu'île d'Akrotiri environ 300 insurgés crétois armés qui demandent à rentrer dans leur province, à Armyro Bey et je demande l’autorisation de les prendre pour les y conduire.

À cette question, les Amiraux répondent :

Il y a aux environs de Selino Castelli environ 3.000 Musulmans dont 246 soldats bloqués par les insurgés, un armistice de 7 jours qui finit demain 27 a été conclu, nous vous engageons à user de votre influence auprès du Colonel Vassos pour que lui même fasse son possible et pour que ces Musulmans soient ramenés sains et saufs à Selino. Si ce résultat est obtenu, nous vous promettons de vous laisser embarquer les 300 insurgés d'Akrotiri, avec leurs armes même, si les Musulmans rentrent à Selino avec les leurs. 

Le Commodore grec répond qu'il va se rendre auprès du Colonel Vassos et faire la communication dont il est chargé, mais il ne répond pas du succès dont le Colonel Vassos n'est pas non plus le maître.

Les Amiraux maintiennent leurs conditions.

Le Commodore De Reineck ne croit pas qu'on obtienne jamais des insurgés d'Akrotiri de rendre leurs armes, ils sont prêts à mourir plutôt que de le faire, à quoi il lui est répondu de nouveau : les insurgés quitteront Akrotiri comme les Musulmans actuellement bloqués rallieront Selino.

Le Commodore grec demande encore qu'on lui permette de débarquer des vivres et des tentes ; il lui est répondu que si les troupes grecques rallient la côte et cessent toute opération agressive, on les laissera se pourvoir de vivres et de matériel de campement, mais dans les conditions actuelles c'est impossible.

Le Commodore De Reineck a demandé enfin pour ses navires, l'autorisation de faire de l'eau à la côte, en donnant sa parole qu'il ne contreviendra en aucune façon aux prescriptions des Amiraux en ce qui concerne les communications avec la terre et le débarquement d'armes, vivres, munitions, etc…

Cette autorisation lui est accordée, sous réserve qu’on pourra envoyer contrôler ses opérations.

6° Dans le cas où l'entente ne s'établirait pas pour la délivrance des bloqués de Selino, l'Amiral autrichien, de qui dépend le commandement Supérieur devant Selino, voudrait que les Amiraux fassent une apparition devant la ville pour donner au navire autrichien l'appui moral nécessaire ; les Amiraux ne croient pas pouvoir faire ce voyage parce qu'ils sont forcés de rester à portée des communications avec l'Europe, mais ils approuvent la conduite du Commandant autrichien conforme à leurs vues ; cet officier supérieur pourra débarquer des marins à Selino, mais il ne pourrait les envoyer à l'intérieur qu'avec la certitude absolue de ne pas les exposer à l'hostilité d'une population qui ne semble pas bien comprendre encore, notre intervention pacifique.

7° Le Vice-Amiral fera savoir au Commodore grec, qu'en l'absence des Amiraux, le Commandant Supérieur à La Canée a reçu des instructions pour faire observer toutes les décisions prises par les Amiraux.

8° Enfin, le Vice-Amiral Canevaro prie Messieurs les Amiraux et Commandants Supérieurs de faire savoir à leurs Commandants dans leurs instructions, que le Commandant d'armes de La Canée est chargé spécialement de la défense du côté de terre, que le Commandant Supérieur de rade est chargé de faire observer les décisions prises en ce qui concerne le côté maritime, que les deux services sont distincts, mais doivent se prêter un mutuel appui en cas de besoin.


Signaux convenus pour donner au Commandant Supérieur des hommes débarqués à La Canée le moyen de s'entendre avec l'autorité supérieure des navires en rade pendant la nuit




DE TERRE

Signaux Valeur

Des feux Very rouges lancés en l’air Alarme dans la place

Des feux Very verts lancés en l’air J’ai besoin de communiquer avec vous, envoyez une chaloupe

Un feu rouge suivi d’un vert et Les forces dont je dispose ne sont
ainsi de suite deux ou trois fois pas suffisantes. J’ai besoin d’un renfort


DU BORD pour aperçue

Le navire du Commandant Supérieur qui est en rade répond à ces signaux pour « aperçue » avec une ou plusieurs fusées à couleur blanche.



N° 11


Séance du 27 Février 1897



Le procès-verbal de la séance du 26 est lu et signé.

L'Amiral Canevaro consulte les Amiraux à propos de la composition de l'escadrille qui doit faire le tour de la Crète et distribuer la proclamation du 23.

Ils ont décidé qu'elle comprendra :
« Wattignies » (français), « Eurydice » (italien), « Zaporojatz » (russe), « Harrier » (anglais).

Elle sera commandée par le plus ancien officier et partira demain 28 à 10 heures.

Le Gouverneur ayant informé le Vice-Amiral de son intention de faire garder la route entre La Sude et La Canée par des soldats turcs, à la condition que ces soldats pourront faire usage de leurs armes en cas d'attaque des insurgés, cette proposition est acceptée ; d’ailleurs, depuis que l'occupation de La Sude est décidée, on a prié le Commodore grec de le faire savoir aux chefs insurgés et de les prévenir en même temps, que les Puissances entendent avoir la libre circulation sur la route de La Canée à La Sude et l'usage du télégraphe entre ces deux points.

Pour affirmer cette liberté de la route, les Amiraux conviennent que chaque jour à 7 heures du matin, deux des nations représentées à La Sude feront descendre à terre chacune au moins 25 hommes armés qui se rendront à La Canée et rentreront avant le coucher du soleil. Cette convention sera exécutée à partir du 28 Février dans l'ordre suivant :

le 28 austro-hongrois et italiens
le 1er mars anglais et français
le 2 mars allemands et russes

et ainsi de suite.

En attendant le rétablissement de la ligne télégraphique entre La Sude et La Canée, les Amiraux anglais et austro-hongrois offrent gracieusement d'assurer, avec leurs torpilleurs, le transport des dépêches et les correspondances : proposition acceptée et réglée comme il est ici après énoncé :

Départ de La Sude :
à 2 heures du soir torpilleur austro-hongrois ;
à 6 heures du soir torpilleur anglais ;

Départ de La Canée :
à 10 heures du soir l'austro-hongrois ;
à 10 heures du matin l’anglais.

On décide ensuite que le croiseur français « Wattignies » escortera à Kissamos le transport turc chargé de vivres pour les Musulmans bloqués et qu'il reviendra à La Sude après les vivres débarqués, sans plus s’inquiéter de ce transport.

Wattignies

Le Wattignies

Le Commodore grec ayant écrit à l'Amiral Canevaro pour lui demander la mise en liberté des Chrétiens enfermés à La Canée, dans la prison pour délit de droit commun, comme cela a été fait pour les Musulmans, l'Amiral a répondu que la mise en liberté d'individus qui lutteraient contre le Gouvernement régulier, ne lui paraissait pas possible et que le consul d'Italie, consulté, lui ayant fait savoir que les Chrétiens prisonniers étaient traités à l'égal des prisonniers musulmans restant en prison, il n'avait rien à faire.

Les Amiraux approuvent cette réponse. D'ailleurs, le Major anglais Bor, chef de la gendarmerie, n'étant d'aucun parti, il y a lieu de croire qu'il fait traiter également les uns et les autres.

L'Amiral Canevaro expose le fait suivant :
Le navire de commerce grec « Thésée » a été arrêté par le « Bausan » au moment où il débarquait à Kissamos, des vivres pour les insurgés. Sur ce navire il reste encore 40 tonneaux de vivres, 5 tonnes de sel et on a trouvé en dehors de l'équipage composé de 25 personnes : 3 officiers grecs dont deux de « l’Hydra » et un ingénieur, un commissaire de l'armée grecque et 26 civils parmi lesquels pourraient bien se trouver les quatre députés chrétiens auxquels les Amiraux ont déjà refusé l'autorisation de communiquer avec les insurgés.

Bausan

Le Bausan


Les Amiraux décident de conserver à La Sude le navire et son équipage, qui seront gardés par 10 marins italiens et de renvoyer à bord de « l’Hydra », le reste du personnel, en faisant remarquer au Commodore De Reineck que l'un des trois officiers trouvés sur le « Thésée », est justement l'ingénieur grec déjà trouvé sur le « Laurium » et qu'ils pouvaient croire que cet officier, en récompense de la générosité témoignée en le laissant libre une première fois, ne serait plus rencontré sur un navire se livrant aux mêmes opérations, interdites par les Amiraux.


À bord du « Sicilia » à la Sude, 27 Février 1897

Le Capitaine de Vaisseau allemand signé : Koellner
Le Contre-Amiral russe signé : Andreeff
Le Contre-Amiral anglais signé : Harris
Le Contre-Amiral français signé : Ed. Pottier
Le Contre-Amiral autrichien signé : Hinke
Le Vice-Amiral italien signé : N. Canevaro

Crète - Occupation Internationale